ANMAPS
Agence Nationale du Médicament et des Autres Produits de Santé
Agence Nationale du Médicament et des Autres Produits de Santé
L’Agence Nationale du Médicament et des Autres Produits de Santé (ANMAPS), nouveau rempart gabonais contre les faux traitements
Un gendarme pharmaceutique en construction
Depuis ses locaux de la zone industrielle d’Oloumi à Libreville, l’Agence Nationale du Médicament et des Autres Produits de Santé (ANMAPS) veille au grain. Créée pour garantir la qualité, la sécurité et l’efficacité de tous les médicaments et produits de santé – humains comme vétérinaires – elle encadre désormais l’ensemble de la chaîne : production, importation, distribution, usage et même destruction finale .
De l’autorisation d’importation aux contrôles terrain
Avant qu’un comprimé ou une ampoule ne franchisse la frontière, l’ANMAPS délivre l’autorisation d’importation, seule « passerelle légale » pour introduire un traitement sur le territoire gabonais . Une fois sur le marché, des inspecteurs sillonnent pharmacies, hôpitaux et entrepôts pour vérifier conformité, stockage et traçabilité. L’objectif : éradiquer les circuits parallèles où circulent 15 % des médicaments en Afrique centrale, selon l’OMS.
Un effectif jeune et une digitalisation en cours
Avec 51 à 200 agents répartis entre pharmacologues, pharmaciens-inspecteurs et juristes, l’agence mise sur la jeunesse : la moitié du personnel a moins de 35 ans . Un nouveau système informatisé de déclaration en ligne des importations doit être déployé d’ici fin 2025, espérant réduire les délais d’autorisation de six à deux semaines.
Gabon acteur continental
Le 20 avril 2020, le Gabon a signé le traité instaurant l’Agence africaine du médicament (AMA) . Ce geste place l’ANMAPS au cœur d’un réseau continental de partage de données et de reconnaissance mutuelle des autorisations. « Cela nous ouvre accès aux bases de pharmacovigilance de 37 pays et nous permettra d’anticiper les ruptures de stock via une plateforme d’alerte rapide », souligne la directrice générale par intérim, Dr Edwige Mabika.
Défis : logistique, laboratoires et lobbying
Reste la bataille des laboratoires : le Gabon ne dispose encore que d’un seul laboratoire national officiellement accrédité pour les tests de stabilité. Résultat : près de 40 % des échantillons doivent être envoyés à Casablanca ou Johannesburg, allongeant les délais de mise sur le marché. Autre front : convaincre les importateurs de se conformer aux nouvelles exigences de traçabilité, alors que certaines sociétés redoutent une hausse des coûts logistiques.
Prochaines étapes : pharmacovigilance et médicaments vétérinaires
D’ici 2026, l’ANMAPS veut lancer une application mobile de signalement d’effets indésirables accessible aux citoyens, première en Afrique centrale. Parallèlement, un département entièrement dédié aux médicaments vétérinaires verra le jour, répondant à la forte demande d’antibiotiques et vaccins pour l’élevage – secteur en plein essor après le lancement du plan « Gabon Vert ».
Entre ambition continentale et réalités locales, l’ANMAPS cherche désormais son équilibre : devenir un référent régional de qualité pharmaceutique sans freiner l’accès des Gabonais aux traitements essentiels.